Mon premier professeur de musique, et de piano, était un vieux monsieur qui avait déjà enseigné la musique à mon père, nous raconte Marc Wasterlain Il avait entre autres écrit des partitions pour des fanfares. Je crois que c’est un peu pour l’aider financièrement que mon père avait accepté qu’il me donne des cours.
Quand Mon prof ronflait, je jouais alors un petit peu de blues…
En fait, il s’endormait souvent pendant que je m’appliquais à mes laborieux exercices.
Quand il ronflait, je jouais alors un petit peu de blues…
Du moins, j’essayais. Ça le réveillait mais il ne me réprimandait pas. Au contraire, il appréciait mon audace. Il trouvait que c’était bien de me lancer dans des suites de notes. Je jouais à l’oreille, sans partition. J’improvisais.
Un dessin de Marc Wasterlain réalisé en 1964
En réalité, je m’étais rabattu sur le piano alors que j’avais eu une guitare pour faire comme Jean-Pierre Joly. Mon copain avait participé, tout comme Salvatore Adamo, au premier concours de la région de Mons à Jemappes.
Adamo a gagné et mon copain a dû renoncer à sa carrière de chanteur. Jean-Pierre composait ses propres chansons à la guitare. Cela m’impressionnait. J’aurais voulu faire pareil. C’est pourquoi je m’étais fait offrir une guitare pour mon anniversaire. Hélas, l’année suivante, mes résultats scolaires étant très mauvais, mon père s’est alors pris d’une terrible colère et a sauté à pieds joints sur ma gratte (rires). Ça a fait un grand CRAAAC et un grand BLOIIING lorsque les cordes se sont décrochées.
Voilà ce qui a mis… un terme définitif à ma carrière de guitariste. Il ne me restait donc plus qu’à me rabattre sur le piano de la maison en me disant : « Au moins, ça, il ne pourra jamais le démolir parce que maman ne le voudra pas. Elle l’en empêchera ! » (rires)
Marc Wasterlain
chantait des blues de fats domino tout en jouant du piano…
Quelques années plus tard à Saint- Luc, un concours avec des orchestres avait été organisé. Les jeunes gens de l’établissement étaient conviés à essayer de monter de petits groupes pour fournir une prestation de quinze à vingt minutes. Puisque j’avais un piano chez moi à ma disposition, j’avais invité à la maison deux amis afin de s’entraîner. L’un d’eux, Georges Beukeline, était plus âgé. Il jouait plutôt bien à la guitare des chansons de Robert Cogoi et d’Adamo ou encore des morceaux des Shadows comme le faisaient tous les jeunes de cette époque. L’autre, Georges Libert, s’était acheté une batterie pour l’occasion. Il tenait parfaitement le rythme pendant que je chantais des blues de Fats Domino tout en jouant du piano. Georges Beukeline, lui, nous accompagnait à la guitare électrique. On avait répété quelques morceaux qui ont bien plu à nos camarades de classe. C’est ainsi que nous avons remporté le premier prix profitant également de l’abandon de nos concurrents.
J’avais trouvé un nom pour notre orchestre : Les Rayllisters. Mais ne cherche pas… Ça ne veut rien dire. C’étaient vraiment mes débuts dans la musique et ça ne m’a plus lâché pendant quelques années. C’est à l’Athénée de Thuin que notre petit orchestre de blues rock a été réellement lancé. Très vite, nous avons été de plus en plus souvent sollicités…
Extrait de la Monographie de Marc Wasterlain
Sauf spécification particulière, tous les dessins reproduits sur ce site sont copyright Marc Wasterlain